samedi 3 novembre 2012

CoMMe uN aiMaNT


Mettez ça sur le compte de l'automne, sur celui du temps qui passe, mais tandis que les feuilles mortes offrent un tendre baiser au bitume, des sons reviennent irrémédiablement hanter mon cerveau, des sons comme des caresses de larmes, les sons de Cherche pas à comprendre de la Fonky Family, de Jamais trahi du Puzzle, Je lève mon verre de Shurik'N, Belsunce breakdown de Bouga, Fait comme un rat dans l'coin de Fabe. Les sons d'un an 2000 qui ne ressembla jamais à celui des promesses de l'enfance.

Et les images viennent en suivant, celles d'un petit matin toulousain à partager les yeux humides avec 7red, après une nuit blanche, alcoolisée, enfumée et nourrissante en émotions à chérir. Une nuit à écouter les productions marseillaises, une nuit sans bavardage inutile. Pas besoin. Une nuit de trentenaires écorchés, usés, submergés par un énième fait divers en forme de môme mort dans une voiture volée, flingué par un stagiaire de la bac. Ô pas de discours anti-flic, juste marre de voir ça, une fois encore. Larmes de fatigue. Un môme en uniforme de flic tue un môme en uniforme de B.boy, deux vies mises sur le carreau d'un doigt trop nerveux sur une gâchette qui n'aurait jamais dû se trouver là.
Contexte.

Les images de Comme un aimant suivent dans l'esprit. Foutu film que voilà. Un blues de l'an 2000 pour causer à notre génération, à ceux qui à ce moment là tenaient encore debout sans avoir besoin de se charger pour ça. Ceux qui ont garder la tête haute tenue. Et pour les autres aussi. Ceux qui manquent, sans espoir de les revoir un jour, ceux calés au chaud dans neuf mètres carré, ceux que la famille à laissé en chien, ceux qu'en n'ont jamais eu.


Soyons honnête le film d'Akhénaton et Kamel Saleh n'est pas un chef d’œuvre, ni même un succès, les salles le vireront de l'affiche la veille de la fête du cinéma...sûrement inquiet à l'idée que des minots viennent s'instruire. Comme un aimant n'est pas franchement original non plus, la preuve il finit mal. Arrivé là je pourrais faire une phrase tonitruante en affirmant qu'il est bien plus que ça mais je suis trop blasé pour ça.


Comme un aimant se trouve un peu partout pour une pincée d'euro et ce serait con de votre part de vous en priver plus longtemps. Parce que Titoff y crève l'écran, ouais le rigolo de la petite lucarne, en paumé animé par le fric et la flambe. Surtout la flambe parce que niveau fric à tout dire c'est pas ça. Forcément les dettes, l'impasse, le déshonneur au final. Parce que Freeman est beau dans la nuit marseillaise, parce qu'Akhenaton joue comme une patate mais qu'on s'en fout, parce que Kamel Saleh, alors que s’élèvent les voix d'A filetta, déverse l'essence sur cette colline devenue ville de tous les sentiments qu'un homme ne peut supporter sans broncher, sans être atteint, marqué au fer. Parce que rarement gâchis n'aura été aussi cinématographique. Une mère qui meurt, les chevaux de bois de La canebière qui tournent inlassablement en rond. Comme les protagonistes du film. Comme la musique faite de boucles, indissociable des images. Jamais une B.O n'aura autant collé au spleen dégagé par l'histoire, du moins pas depuis Il était une fois dans l'ouest

Akhénaton et Bruno Coulais, atteint par la grâce, ont réuni quelques unes des plus belles voix de la Soul, des musiques somptueuses, des rappeurs et tous ont envoyé l'émotion à l'unisson. Millie Jackson, Shurik'N, Coloquinte, Marlena Shaw, Isaac Hayes et ce Cunnie Williams dont j'aimerai avoir des nouvelles tellement son Life goes on coule dans mon sang, chacun d'eux nous fait partager un frisson si unique que le disque reste comme l'un des plus beaux jamais issus de l'hexagone. Pas moins.

Comme un aimant ne raconte rien, il montre, pudiquement.
A vous de voir.

Hugo Spanky