jeudi 13 décembre 2012

iT's a goOD scReaM...BRiaN De PaLMa



Tout commence par un cri. Tout finit par un cri. Voilà le résumé lapidaire que l’on peut faire de « Blow Out » de Brian De Palma. Comme souvent avec lui, son film débute par une mise en abyme : étudiantes dénudées qui se trémoussent sur du disco, couple en train de baiser, meurtre à l’arme blanche commis par une personne difforme ; tout les codes du slasher lambda sont gravés sur la pellicule. Sauf que la séquence se termine dans une salle de projection d’un studio de cinéma alors que sur l’écran une fille se fait trucider sous la douche en manifestant son effroi par un cri grotesque. John Travolta, qui incarne un preneur de son, vanne le réalisateur de cette série Z qui finit par l’envoyer paître et le somme d’aller refaire les pistes sonores d’ambiance derechef. 
Dès lors, le générique du film fait son apparition.


Grâce à ce procédé déroutant, De Palma nous fait perdre à un tel point nos repères qu’un sentiment d’insécurité nous tiendra au corps durant toute la durée du film (et pour cause…).
Ce qui frappe d’emblée dans ce long métrage c’est la composition photographique qui, dans pratiquement chaque image, nous impose les couleurs rouge, bleu et blanc et lui confère une singularité encore plus accrue. Cette palette chromatique a été choisie par De Palma pour symboliser le drapeau Américain puisque son film traite d’un complot politique.

Avec « Blow Out », De Palma assène une leçon de mise en scène à tout prétendu réalisateur. Il invente des mouvements de caméra innovants pour l’époque (la scène en rotation continue dans le studio de prise de son), il crée des compositions de plans d’un baroque absolu (l’hallucinante scène de prise de son sur le pont avec les animaux qui se fondent dans la même image que Travolta , les glaçantes séquences de meurtres perpétrées par ce dingue de John Lithgowet, par-dessus tout, le feux d’artifice final qui enferme nos héros dans une spirale déchirante) et il nous démontre à quel point le montage d’un film peut changer le sens que l’on donne à des images (l’acharnement de Travolta à reconstituer un film de l’accident inaugural).



Déjà exceptionnel de part sa mise en scène, « Blow Out » côtoie l’excellence grâce à l’apport de sa troupe d’acteurs. John Lithgow, en tueur impitoyable et redoutable d’intelligence, nous fout tant le trouillomètre dans le rouge que l’on appréhende chacune de ses apparitions comme le ferait une chochotte de première bourre. Disons-le tout net, ce sale type nous tétanise.



Heureusement Nancy Allen, dans son rôle de call girl, parvient encore à emballer nos cœurs. Cette fois-ci, à contrario de son rôle de pute futée dans « Dressed To Kill », elle incarne une femme fragile, peu sûre d’elle et naïve qui trempe dans des pitoyables affaires de chantages mises au point par une ordure lamentable, impeccablement interprétée par un Dennis Franz dont l’aspect physique crasseux s’accorde à merveille avec son esprit retors. 

Face à sa détresse manifeste, on a qu’une envie : la serrer dans nos bras pour la réconforter. Ce que ne manque pas de faire ce petit diable de John Travolta qui assure une composition de tout premier ordre : tour à tour drôle, touchant, obsessionnel, son personnage passe par toutes les gammes d’émotions et, lorsque la fin tragique nous cueille tel un uppercut d’une violence inouïe, on est totalement ébranlé par la douleur qu’il exprime.
On l’aura compris, ce long métrage ne laisse personne indemne : quand la maestria technique se combine aussi harmonieusement avec l’émotion la plus viscérale, le terme de chef d’œuvre n’a jamais autant mérité d’être employé. 
           
Harry Max

8 commentaires:

  1. excellent, me suis regale a te lire. j aime la derniere photo, les bancs ou on pose son cul pour reflechir. ooops!!

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  2. C'est mon préféré aussi avec Dressed to Kill !
    Ces couleurs bleu et rouge saturées nous mettent effectivement dans un climat de malaise, comme dans les films d'Argento. Un petit quizz De Palm pour la Ranx Team et autre Brianophilles ;)

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  3. Ce film reste un trésor du cinéma, jamais le plus cité, trop rare sont les hommages au cinoch de De Palma mais notre dame de la réalité est là, ce film tourne encore, et encore, et encore...
    Pure trésor !!

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  4. Pas plus tard que ce matin, je pensai à Body Double et quand tu parles de Denis Franz, j'adore l'apparition qu'il y fait.
    Dans un bureau de prod de film porno, il baratine, le producteur donc, un truc du genre:" Faut me comprendre, je ne suis pas qu'une bite sur deux jambes"
    Ne m'en voulez pas si vous trouvez ça naze, j'ai vu ce film trop jeune.
    Nancy Allen à cette période, j'adore sa voix, toute frêle et fluette, à l'inverse de ce cri magistral. J'ai revu Robocop y a pas longtemps et elle a perdu beaucoup de charme assez rapidement.
    Sinon, l'aspect le plus visionnaire de ce film, c'est l'image de ce gars perpétuellement concentré sur son oreillette.
    A vous les studios

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    1. Nancy Allen c'était quelque chose, la New Yorkaise ultime. Elle illumine Carrie, Pulsions, Blow Out, Philadelphia Experiment, ce qui fait déjà trois de mes films préférés.
      Comme dit 7red, Blow Out est un trésor qui ne cessera jamais de fasciner.
      Superbement réédité en dvd l'an passé.
      Hugo Spanky

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  5. Merci pour l'info dvd, j'ai eu l’édition pourrave (pas tant que ça) que je me suis fais shourave et je vais me faire un plaisir d'y retourner pour le blue ray. J'ai vu plein de films mais jamais Carrie. Je l'ai téléchargé en qualité dvd il y a quelque temps et j'attendais que quelqu'un allume la mèche. Pulsion aussi je l'ai téléchargé en qualité dvd, à une époque, il était quasiment introuvable et je l'ai trouvé au fond d'un bac en promo. Malheureusement on sentait le dvd bouger dedans et je l'ai fais ouvrir avant de l'acheter et il était effectivement rayé. Mais bon, comment ne pas dire que c'est la première demi heure qui reste inoubliable.

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    1. Tant que tu es dans les De Palma, fais toi aussi "Sisters" c'est une tuerie. Dans une moindre mesure "Furie" vaut le coup aussi et "Obsession" très marqué par Hitchcock (plus encore que les autres) a ses bons moments également.
      Hugo Spanky

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